Afin de découvrir de nouvelles plantes, je visite régulièrement des îles de la Macaronésie.

Ce mot curieux regroupe Açores, Madère, Canaries et Cap Vert. Ces régions représentent une minuscule surface mais comptent un très grand pourcentage de plantes endémiques. Cela tient d'une part à leur isolement géographique mais aussi au fait que ces zones n'ont pas subi les glaciations qui ont détruit un grand nombre de plantes de l'Europe du Nord-Ouest.

Le climat des ces îles se caractérise par des hivers très doux (sur les côtes la température ne descend pratiquement jamais sous les 6°C) et des été chauds mais jamais brûlant (hors Lanzarote).

La flore endémique subit maintenant la pression du tourisme qui accapare de grandes surfaces, mais aussi de la culture intensive de la banane ou de la vigne et à Sao Miguel, aux Açores, de l'élevage bovin.

De plus, de nombreuse plantes exotiques, souvent invasives (venus d'ailleurs et qui prennent la places des indigènes ou des endémiques), restreignent les espaces dévolus aux endémiques (que l'on trouve localisées qu'à certains endroits du globe) ou aux indigènes (qui poussent dans certains lieux sans l'intervention de l'homme)  .

L'île de Sao Miguel est la plus grande de archipel portugais des Açores (qui en compte 9). Située dans le groupe oriental, elle compte parmi les moins éloignées du continent (1500 km). Les autres s'étirent encore sur 200 km vers l'ouest.

Voici quelques plantes remarquables des trois jardins visités à Sao Miguel.

Jardin botanique José do Canto (Punta Delgada), 6 hectares paysagés en centre ville, créé à partir de 1850. 

Un magnifique Agathis robusta, un arbre du Queensland en Australie, son écorce colorée est attractive toute l'année. Les indigènes le nomment kauri, il pousse également en Nouvelle Zélande. C'est sans doute pour avoir enfreint le tabou qui entoure ces arbres que Marion Dufresne a été tue par les Maori à Bay of Island comme le rappelle dans mon livre « Le tour du monde dans son jardin » au chapitre sur le Phormium.

Un impressionnant Ficus macrophylla, un autre arbre australien qui présente de larges contreforts sinueux à sa base.

Acmea Ingens, un arbre de Nouvelle Zélande qui donne en hiver des fruits rouges semblables à de petites pommes.

Sorocea bonplandi, dédié à Aimé Bonpland, qui a herborisé en Amérique avec Alexandre von Humboldt entre 1799 et 1804. Les aventures de ces 2 personnages hors du commun sont évoquées dans mon livre « Le tour du monde dans son jardin » aux chapitres Oranger du Mexique et Orchidées.

Rhopalostylis sapida, le seul palmier endémique néo zélandais à la surprenante floraison rose fin janvier.

Parque Terra Nostra, Furnas : 15 hectares dont une moitié paysagée dans la station thermale de Furnas, à 700m d'altitude. Crée à partir de 1775 par un commerçant de Boston, Thomas Hickling, consul honoraire à Sao Miguel. Plusieurs bassins permettent de se baigner dans une eau ferrugineuse à 35°C. 

Dans l'entrée, un énorme Metrosideros robusta de Nouvelle Zélande dont des enchevêtrements de racines aériennes pendant des branches deux splendides bosquets de Strelizia gigantea (Afrique du sud) qui fleurissent de la fin de l'hiver au début de l'été. Un peu plus loin, contre la résidence du créateur, un Doryanthes exelsia d'Australie (NSW) lance à plus de 3m de haut ses énormes inflorescences pourpres en février.

A cette date également la collection plusieurs centaines de  Camellia japonica et reticulata sont en fleurs. Les C. reticulata sont peu plantés en Europe, ils ont ont pourtant la particularité de posséder des fleurs beaucoup plus grosses que les autres Camellia.

Le Jardin des Cycacées est particulièrement bien paysagé dans une petite vallée abritée. Il possède un Wollemia nobilis de près de 2m.

Le jardin de fougère est lui aussi majestueux avec un bassin en son centre. Les Dicksonia antartica dépassent trois mètres ainsi que plusieurs Cyathea. On y trouve une bonne cinquantaine de fougères variées ;

Le jardin des Broméliacée est bien fleuri en hiver, notamment par les Aechmea.

Encore un parterre original, celui des Vireyas, des Rhododendrons de Malaisie qui fleurissent pratiquement toute l'année dans des colories orangées, jaunes et crèmes. Leurs fleurs sont plus petites et groupées. Le vireya est un rhododendron lépidote (avec des écailles). Le botaniste allemand Blume à un pharmavien français J. Virey( découvreur de l'horloge biologique en 1814). Réservés chez nous aux serres chauffées, ils ne supporte pas le moindre gel !

Chusquea coronalis, un bambou cespiteux (qui ne drageonne pas) d'Amérique centrale, très élégant, résiste à -7°C. Dans ce jardin, les bambous sont soit isolés sur des tertres soit cerclé par une petite tranché, une astucieuse alternative au feutre anti-racine, mais des plantes moins luxuriants.

Une collection de plusieurs centaines de Camélias fait le bonheur des visiteurs d'hiver. A noter les peux connus Camélias reticulata qui se caractérisent par de très grandes fleurs.

Jardin de l'Université : 6.000m² en centre ville de Punta Delgada.
Moins soigné que les précédents mais avec deux plantes forts intéressantes. Pandanus Tectorius de Madagascar, 5m de haut et couvert de fruits en hiver.

Phitolaca dioica, le raisin d'Amérique bien connu, mais en arbre, et quel arbre ! 5M de haut et 10 de large, caduc, il met ses premières feuilles en févier et les fleurs arrivent presque en même temps.

L'oiseau de paradis de ce jardin est le Stretlizia nocolai, une espèce arborescente (5/6m) qui fleurit  blanc au printemps. La page 229 du livre Le tour du monde dans son jardin consacre un chapitre à cette fleur extraordinaire dont les anthères atteignent 5cm, les plus longues du règne végétal.